Retour d’expérience FINISHER MB 140km

Retour d’expérience du finisher 140km : Mika P.

Salut les copains (MB.Race, juillet 2022) :

Me voilà posé, au soleil, pour vous raconter cette course que j’ai vécu en essayant de vous la faire vivre au mieux…

5h du mat je sors de l’hôtel, j’enclenche mes pédales auto, je suis situé un peu plus haut que le centre-ville, à Combloux mais plus bas que le départ à Megève. Direction le SAS 3, numéro de plaque 380, 6 kilomètres et des broutilles, 150m de dénivelé positif, de quoi tourner les jambes sans se mettre dans le rouge accompagné de quelques bikers par ci par là. Un peu plus de 20 min

pour rejoindre mon SAS et là c’est 30 min de patience, de questions que je me pose, vais-je y arriver ? Aurais-je la force ? Le mental ? La bonne nutrition ? La chance d’une mécanique qui me suive jusqu’au bout ? Bref le SAS se rempli, les vélos se serrent, le départ approche, mes copains arrivent dans leurs SAS respectifs, que j’encourage, seulement Tof et Al était dans le SAS devant le mien que je n’ai pas vu avant le départ. La musique de la MB qui font frissonner les oreilles…

6h du mat, c’est parti pour le départ de plus de 1300 bikers, pour moi mon but premier était d’attendre que le tas se fluidifie pour commencer à doubler ce que je pouvais sans forcer, les 3 premiers kilomètres se faisait sur bitume, entre faux plat montant et faux plat descendant, la route était large, assez pour se faufiler facilement, entre ceux qui doublent et ceux que je double, y compris Tof et Ald, on trouve tous notre rythme, je leur souhaite une belle course. Arrivé en bas et au début de la 1ere côte, le Col du Jaillet, puis la Tête du Toraz, c’est un moment stratégique pour beaucoup, car plus vite tu arriveras en haut et plus vite tu passeras la première descente (celle qui a bouché). Pour ma part je monte avec un plateau de 28 dents, ce qui m’a permis de ne pas forcer mais de rester accroché à mes pédales jusqu’en haut, j’ai donc pu passer devant pas mal de monde et me positionner assez vite dans les 200 premiers de la course.

Après 800m de d+ et une dizaine de kilomètres, c’est parti pour la première descente, la plus compliquée d’ailleurs pour moi, ça glisse sur la terre pas sèche suite aux pluies de la veille, du coup pilotage compliqué pour prendre de la vitesse, je décroche 2 fois, dont une fois où je passe par-dessus mon vélo en atterrissant sur mes jambes mais en cassant le support GPS et en arrachant ma plaque de cadre, du coup je reprends mes esprits, je repars, mais je me dis ça commence mal. Mon mental me dit que je ne lâcherai pas à cause de ça ! Même si c’est dur de se dire que je n’aurais plus mon GPS sous les yeux pendant 120km… Pas grave on avisera.

Un biker a été héliporté depuis cette descente, le bouchon s’est certainement créé suite à la chute de ce bonhomme.

On continue, confiant et avec de bonnes sensations après une prépa bien ajustée, je me sens bien, en bas de la descente je passe le 2eme ravitaillement comme le premier, sans m’arrêter, il me reste de la flotte pour arriver au 3eme ravito à Praz-sur-Arly juste avant la plus grande ascension, celle qui monte jusqu’au Mont Vores, plus de 1000m de d+ en une dizaine de kilomètres, entre temps il y a quand même 2 côtes de 400m de d+ que je ne néglige pas car elles prennent sur le physique et le mental de beaucoup de bikers.

La chaleur commence à monter, arrivé au 3eme ravito j’enlève mes manchettes, je demande à l’assistance Shimano de me raccrocher avec un riselant ma plaque qui pendouillait, on ne tarde pas trop mais bcp de monde passe devant moi, je repars après un bon ravitaillement qui me servira pour cette fameuse ascension…

C’est parti pour la dernière difficulté de cette partie, ayant dans ma tête un objectif, passer les 70km avant midi, c’est dur mais j’y vais à mon rythme, je pédale, je pense, je discute avec les concurrents, je pense encore, à beaucoup de chose, je ressors mon GPS de ma poche arrière de temps en temps pour me situer dans l’ascension, parfois je suis content et parfois je me dis ça n’avance pas…

Le 4eme ravito est arrivé assez vite finalement mais la cote n’est pas finie alors je repars rapidement après avoir rempli ma gourde d’eau, je n’ai bu mes pastilles énergétiques que sur la première partie de course, depuis le 3eme ravito je n’ai bu que de l’eau, car l’eau se réchauffait trop vite avec la chaleur et ce n’est pas agréable les pastilles à boire quand elles sont à plus de 20 degrés.

Ça y est j’arrive en haut, je suis satisfait il me reste 1h pour arriver au 70k avec des coups de cul et une belle descente pour finir, des descentes comme celles-là c’est le bonheur pour ma part, les racines sèches, le terrain largement praticable, j’ai posé le pied 2 fois sur une descente de 800m de d-, j’ai pris plaisir à descendre, surtout quand tu doubles et que tu arrives à suivre ceux que tu admires, j’ai volé sur les racines mais sans RedBull… ça m’a donné de la force pour la suite de la course.

11h50 objectif des 70k atteint, ma future femme et mes filles m’attendent sur la bifurcation, je suis heureux mais je sais que le plus dur reste à venir, je remets l’huile que j’avais soigneusement préparé dans un sac d’outils, sur ma transmission qui commençait à grincer, le temps de me faire encourager par mes filles un gros bisou à ma femme et c’est reparti pour 30 bornes, mes filles mangeront, feront une petite sieste et me retrouveront sur la bifurcation du 100k.

Cette portion je l’avais déjà faite l’an dernier, dans des conditions bien différentes, je savais que je pouvais gagner du temps par rapport à l’année dernière, et je l’ai bien géré, ça monte et même que ça descend aussi mais du vélo, pour monter… c’est dur, il fait très chaud, mais je bois, même quand je n’ai pas soif, je regarde ma montre et j’essaye de boire une petite gorgée tous les 1/4 d’heure. 6eme ravito on recharge la gourde et l’estomac, on me pose le sticker 100k sur ma plaque de cadre et ça repart !

Il me reste quelques portages avant la première petite descente de cette portion, mais on ne pense plus à rien on avance sans s’en rendre compte, on suit les autres, on s’encourage en cas de coup dur, on résiste, mais ça va finalement le temps passe et les kilomètres aussi. Ça y est on est au plus haut, il reste plus de descentes que de montées pour arriver aux 100k, mais les descentes font mal aux mains, car tellement pas envie de chuter et tellement crispé sur le guidon que le haut du corps est beaucoup sollicité. Heureusement il y a de belles et longues descentes qui nous permettent de passer les kilomètres plus rapidement, donc du coup j’en profite je prends mon pied, une adrénaline de fou dans cette chaleur ça fait énormément de bien. Entre temps il y a des ascensions de la taille de 2 ou 3 Rocher de Saulx, c’est comme ça que j’arrive parfois à mesurer la côte qui m’attend, mais ça devient de petites côtes à côté de celles qu’on vient de grimper.

15h, arrivé à Combloux pour les 100k, le timing est parfait, je communique avec ma femme pour lui permettre d’être là au bon moment, du coup mes filles sont heureuses de me voir, pas plus que moi c’est sûr, je suis aux anges.

Je remets de l’huile, je reste 5 min pour leur dire qu’à partir de maintenant je ne sais pas ce qui m’attend, c’est la découverte… pas tant la découverte du terrain mais plus la découverte de ce que je suis capable de réaliser, elles m’encouragent, me comblent de mots doux, tant de moments qui me donnent une force indescriptible pour me lancer sur cette dernière portion.

Je me ravitaille, on me colle la vignette du 140k sur ma plaque de cadre, on me demande si je vais bien et si je suis prêt pour continuer et je repars.

10 minutes après mon arrivée au 100k je me replonge dans mes pensées, je regarde devant moi, derrière moi, plus grand monde autour… c’est à partir de ce moment qu’on sait que tout va se jouer sur le mental, car quand je vois des gaillards bien affûtés qui roulent à la même vitesse que moi je me dis que si eux ont le même objectif que moi, va falloir que je reste au même rythme et ne pas stresser ni m’emballer pour aller plus vite. Dans ces moments-là, il vaut mieux gérer son effort car on sait tous qu’il reste 3 belles côtes sur ces 40 derniers kilomètres.

La première, c’est le Jaillet, une deuxième fois sauf que celle-là s’arrête au milieu de la première, pour redescendre et mieux remonter, la fin du Jaillet 2 est monstrueuse, on est tous à côté du vélo sous un soleil de plomb, le réconfort est qu’on ne se double pas ou peu et qu’on se redouble car chacun à ses coups de pompes, du coup on se dit qu’à ce stade de la course on se vaut et on est encore en course pour arriver au bout.

Arrivée en haut, 1h30 d’avance sur la barrière horaire, on est tous dans le même état, envie de passer un maximum de temps aux ravitaillements avec des bénévoles assez encourageants, tous en train de se demander si on est encore dans les temps, on ravitaille et on repart, certains prennent plus de temps que d’autres, perso j’ai du mal à repartir sachant que j’ai du temps devant moi, mais je ne suis pas complètement à l’abris d’une galère mécanique, d’une chute ou d’un gros coup de mou alors j’y vais, je me suis fait doubler pendant cette pause mais c’est pas grave, le plus important c’est d’y arriver !

Avant dernière grosse descente avant la dernière grosse montée, et comme pas mal de descentes dans cette édition de la MB Race, je me sens assez à l’aise et du coup je les descends assez rapidement pour mon niveau de pratique, j’adore, plus j’avance et plus je me dis que ce n’est pas normal, je vais bien finir par me prendre une belle gamelle, mais comme je ne double pas grand monde finalement je dois être à la même vitesse que mes concurrents.

Déjà en bas, qu’on remonte aussitôt, je regarde quand même mon GPS (dans la poche arrière) pour analyser psychologiquement le dénivelé qu’il me reste et je repars, c’est la dernière, je suis tellement excité de me dire que j’y suis presque… la Tête du Toraz, une seconde fois également, mais cette fois par derrière, c’est plus court mais c’est plus raide… on en chie, encore plus que le Jaillet 2, je me remémore une vidéo de la MB Race de l’année dernière ou même les pro étaient en portage dans cette cote, car le terrain était impraticable, cette fois c’était nous sur un terrain sec, mais les jambes suivent, pas après pas, à une allure d’escargot, mais on avance, tous ensemble, je demande derrière s’ils veulent passer devant, et on me répond,  « non t’inquiète je suis bien », là je me dis que suis pas bcp moins bien qu’eux, mais pas bcp mieux ça c’est sûr… On sort des bois, on lève la tête et on voit le pic là-haut, le tire-fesses, l’endroit qui va tous nous mettre d’accord… mais cette endroit quand je re-regarde mon GPS, il est à 250m de d+ encore, à vu d’œil il était au moins à 600m d+… bref on continue, on remonte sur la selle pour 100m et on redescend, les cuisses sont dures mais les gels que j’ai utilisé depuis le début m’ont beaucoup aidé ( 1 gel sur 2 à tous les ravitaillements à partir de Praz-sur-Arly, anti-oxydants pour les crampes et coup de fouet pour l’énergie musculaire).

Du coup aucune crampes depuis le départ, contrairement à l’année dernière, même en marchant.

Ça y est on arrive en haut, c’est bientôt la fin, dernier virage et on voit le bout, du coup on remonte sur le vélo car la pente le permet, il qu’il me reste encore un peu de watt pour la finir avec fierté, arriver là-haut, je vois un mec se faire photographier avec son tel, du coup je fais la même, je lui demande et il accepte, je tape la pose et je repars pour le moment le plus agréable de la course, la DERNIÈRE descente !!!  Enfin presque, arrivé au dernier ravitaillement j’ai un peu moins de 2h d’avance sur la dernière barrière, je suis large, mais les derniers coups de cul que je n’avais pas bien vu sur le plan de la plaque de cadre m’ont quand même fait douter, les membres de l’organisation de la MB Race qui te félicitent mais qui ne te disent pas que c’est bientôt la fin, ou c’est la dernière côte où descente, ça aussi ça laisse réfléchir sur ce qu’il reste réellement ! 

Du coup on repart et on avance dans le flou, une chose est sûre c’est qu’à part des coups de cul on aura plus de ravitaillement ou de grosses ascensions.

On passe le dernier petit pic d’ascension aux Frasses, et là c’est le soulagement, un membre de l’organisation nous félicite encore et encore parmi tant d’autres, et me sort la phrase que j’attendais tant, « après les sapins en face tu débute la grosse descente vers Megève » !

Pwouaaa quel soulagement ! C’est LÀ que je ne dois pas m’emballer, encore une descente dans les racines, comme j’aime, plus je descends et plus je prends confiance, mais surtout par pitié, pas de crevaison ! Seigneur Jésus SVP ! J’adore, je crie de joie, de soulagement, la descente se descends tellement vite que je suis déjà en bas, j’arrive sur le bitume de Megève, je re-crie de joie, ça y est enfin j’y suis !!! Putain après tant de kilomètres d’entraînement, tant de sacrifices ! Le plus beau cadeau, celui de passer la barrière des 140k avec à l’arrivée ma petite famille qui m’attend, je n’avais jamais eu cette sensation de bonheur de ma vie, je peux vous dire que ce moment est inoubliable pour moi !

Merci pour vos minutes consacrées à cette aventure vue de mon ressenti, mon prochain objectif MB Race (si l’occasion se représente) sera d’être dans le TOP 100 des finishers du 140 ! Alors je suis prêt à m’entraîner avec vous les futurs finishers 💪🏼

Mika P. 😊